Résumé
Quand Carol Gilligan a énoncé dans Une voix différente (1982) l’idée que les femmes ont une autre manière de penser la morale que les hommes, elle ne s’est pas contentée d’élargir la division des sexes à la morale. Elle a mis en avant un concept largement occulté et laissé à l’état de friche : le care. En portant l’attention sur ce « prendre soin », ce souci des autres, l’éthique du care pose la question du lien social différemment : elle met au cœur de nos relations la vulnérabilité, la dépendance et l’interdépendance. Elle rend ainsi audible la voix des fragiles et met en garde contre les dérives conjointement marchandes et bureaucratiques de nos sociétés néolibérales.
Fabienne Brugère nous propose une synthèse des recherches autour de la notion de care et nous montre en quoi cette philosophie constitue aujourd’hui un véritable projet de société.
Caractéristiques
Sommaire
Introduction
Chapitre premier – Le thème du care – la voix des femmes
I. L’attention aux autres : une autre psychologie morale
II. Le care n’est pas un maternage
III. La voix indistincte des femmes
IV. Comment s’occuper des autres sans y perdre son soi ?
V. Un sexe de la sollicitude et du soin ? Des identités sexuées
VI. Une éthique plutôt qu’une morale
VII. Comment vivre mieux ?
VIII. Rendre réciproque un monde asymétrique
IX. Une éthique féministe
Chapitre II – Prendre soin contre l’individu libéral
I. L’humain est fondamentalement vulnérable mais...
II. La critique de l’homme libéral
III. Le tournant de la philosophie pratique au XVIIIe siècle
IV. Vulnérabilité et critique de l’identité
V. Une ontologie de l’accident
VI. Vulnérabilité et dépendance
VII. Le bon care
Chapitre III – Pour une démocratie sensible
I. L’usage néolibéral du « prendre soin »
II. L’approche féminine du care
III. Les pratiques de soin
IV. Le travail social
V. Quelle démocratie sensible en France ?
Conclusion
Bibliographie
Actualités
Autour de l'auteur
Professeur à l’université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, présidente de l’université Paris Lumières, Fabienne Brugère est notamment l’auteur de La Fin de l’hospitalité (Flammarion, 2017), coécrit avec Guillaume Le Blanc, et de On ne naît pas femme, on le devient (Stock, 2019). Elle est membre du comité de rédaction de la revue Esprit.