Portées par une jeune génération à l’aise avec les nouvelles technologies, les initiatives d’entraide fleurissent. Un élan qui pourrait se prolonger et dessiner de nouveaux liens renforcés par une coopération durable entre pouvoirs publics et société civile.
Confinée avec les SDF. Amélie de Rancourt, 36 ans, responsable d’« Hiver solidaire » pour l’église Saint-Ambroise, à Paris, est presque nuit et jour avec quatre sans-abri dans les anciens locaux des Petits Frères des pauvres. Le début a été un peu difficile. « On partage désormais nos histoires de vie », dit-elle. Chaque soir, à leur tour, les gars de la rue débardent les invendus des boulangeries sur des palettes, avant d’assurer, avec Amélie et d’autres bénévoles, la distribution du soir pour les plus démunis du quartier. Une action solidaire soutenue par les habitants : « Nous avons créé un groupe Whatsapp d’entraide entre paroissiens, qui nous donnent vêtements et nourriture. »
UNE VÉRITABLE EFFERVESCENCE
Amélie est loin d’être la seule à manifester sa solidarité auprès des personnes les plus en difficulté. Depuis le début de la crise, si la méfiance peut être de mise entre passants, les liens sociaux sont fortement redynamisés, les initiatives se multiplient. C’est une véritable effervescence. « Jamais le besoin de lien n’a été aussi important, même les liensfaibles, comme les relations de voisinage », note Alexandre Gefen, qui a codirigé le Pouvoir des liensfaibles (CNRS Éditions). Pour Serge Paugam, directeur de recherche au CNRS et auteur du Lien social (Que sais-je ?), le phénomène n’a rien d’étonnant : « La solidarité est présente, souvent sans que l’on s’en rende vraiment compte, dans de nombreux actes de nos vies quotidiennes, car nous sommes inévitablement liés les uns aux autres. Mais son exigence devient plus pressante...