La mise en place du prélèvement à la source s’annonçait comme un chantier aussi énorme que périlleux. Récit de deux années qui ont permis d’éviter le crash.
Si le Titanic n'avait pas rencontré d'iceberg, sa première traversée aurait vite été oubliée. proportions gardées, c'est aussi l'histoire du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu. Jusqu'à son entrée en vigueur, début 2019, la réforme avait suscité questions et craintes. Dix mois plus tard, elle ne fait plus parler d'elle. À la Direction générale des finances publiques (DGFIP), on savoure, d'autant que le
chemin a été périlleux. « Cette réforme prouve la qualité de cette administration », se félicite Jérôme Fournel, nouveau patron de la DGFIP. Pourtant, lorsque François Hollande relance au printemps 2015
l'idée d'une grande réforme du prélèvement de l'impôt, l'accueil au sein de Bercy est plutôt froid. Si la DGFIP assure avoir soutenu cette idée dès le début, ce n'est vraiment pas le souvenir qu'en garde Michel Sapin, alors ministre des finances : «Ils nous disaient de ne pas prendre ce risque alors que l'ancien système marchait parfaitement. Mais une fois la décision confirmée, la DGFIP a tout fait pour réussir. »
Oubliant sa prudence de départ, la DGFIP jette toutes ses forces dans la bataille. Une direction projet est instituée pour piloter le chantier. « En matière de technique, nous sommes partis d'une page blanche. Nous avons exploré plusieurs scénarios pour donner vie à celui qui a finalement été retenu », se souvient Maryvonne Le Brignonen, l'ancienne directrice du projet, promue depuis à la tête de Tracfin, le service de renseignements de Bercy. Une fois les grandes options tranchées, restent les problèmes de tuyauterie. Sur ce point, le succès s'est joué dans un immeuble anonyme de Noisy-le- Grand (Seine-Saint-Denis). C'est là que cogitent les informaticiens qui font tourner les serveurs de la DGFIP, hébergés dans un endroit classé secret défense. Durant des mois, les spécialistes informatiques vont s'escrimer à faire communiquer entre eux les logiciels des entreprises ceux des caisses de retraite ou des organismes sociaux. « C'était parfois de la bouse », s'esclaffe dans son langage...